015 Conditions sociales du contenu des phases: Les trois disettes
Un organisme est rattaché au milieu par trois fonctions irréductibles:
- la réception d’information, ou fonction d’entrée
- l’action, ou fonction de sortie;
- l’alimentation, ou fonction d’assimilation et mise en réserve d’énergie à l’état potentiel.
La survie d’un organisme, individuel ou social, peut être, selon les circonstances, conditionnée par l’une de ces trois fonctions, qui devient dominante, et polarise l’ensemble de la situation. En chacun des trois types possibles de situation critique, la fonction correspondant au manque, ou stress, gouverne les deux autres, les asservit en quelque mesure, leur fournit des schèmes directeurs. La situation de quelque mesure, leur fournit des schèmes directeurs. La situation de dominance de l’une des trois fonctions se trouve réalisée lorsque la relation d’un organisme au milieu se trouve saturée pour deux des fonctions alors qu’elle manifeste un manque, un danger, un pouvoir de décision pur la troisième: toute la métastabilité de la relation entre l’organisme et le milieu se trouve, en ce cas particulier, ramenée aux conditions d’accomplissement de la fonction non-saturée, en laquelle il y a ‚disette.
Or, dans les modes que l’homme a découverts de penser son milieu (la nature) ou de se penser lui-même (cherchant à fonder les sciences de l’homme) se manifestent trois dominances successives: celle des fonctions d’information, dans l’Antiquité, puis celle des fonctions d’actions, à l’époque moderne. Les théories de la Nature aussi bien que celles de l’Homme sont, dans l’Antiquité, à base de schèmes perceptifs, à l’époque classique, à base de schèmes opératoires, et à l’époque moderne, à base de schèmes énergétiques.
Comme source d’intelligibilité, la notion antique de forme joue le même rôle que la notion classique de causalité mécanique ou la notion moderne de besoin; cependant ces trois notions sont irréductibles, parce que la première exprime une façon de concevoir la fonction d’information, la seconde, une façon de concevoir la fonction d’action, et la troisième, une façon de représenter la fonction d’alimentation.