095 Informations sémantique et esthétique

4. Informations sémantique et esthétique.

La reconnaissance dans les objets sonores de formes normalisées, celles que dénomment les signes de l’alphabet phonétique, n’épuise pas la richesse du réel perceptibles. Le message sonore réel est la somme

Forme normalisée + Variations

et la forme normalisée reste un simple repère, susceptible de fluctuations notables dans sa durée, son timbre, sa hauteur, en bref son architecture. Il y a autour du signal normalisé, assemblage de symboles puisés dans un certain répertoire dont on peut calculer l’originalité et que nous appellerons Information sémantique Hs, une marge de fluctuations, un champ de liberté, dont l’aire comporte un nombre fini de seuils différentiels de la perception auditive à chaque instant. La façon plus ou moins originale par rapport au récepteur, dont le transmetteur fait usage de ce champ de liberté, représente aussi une forme temporelle, un message à la sensation, ce que nous appellerons un message esthétique, et nous pourrons, au moins théoriquement, calculer la complexité de cette forme fluctuante à l’intérieur de ce champ de liberté situé autour de la forme normalisée. On est donc amené à reprendre l’ensemble de l’analyse précédente et à définir, à côté de l’information sémantique du message, une information esthétique He à chaque niveau d’attention du récepteur. C’est la somme Hs, + He qui exprime la totalité de l’effort d’appréhension des récepteurs. Aussi, la phonétique linguistique se propose-t-elle, dans le cadre de la Théorie de l’information, deux buts

I° le calcul de l’information sémantique à partir de la détermination des éléments normalisés et des statistiques y afférentes; lettres phonétiques, mots phonétiques, phrases phonétiques, etc.; l’étude de leurs règles d’assemblage;
2° le calcul de l’information esthétique à partir de la dimension du champ de liberté laissé autour du message sémantique, champ dont la grandeur est estimée par le nombre de seuils différentiels de sensibilité, de quanta acoustiques de la perception qu’il contient.

 

Fig. 7. — A chaque niveau de communication entre l’émetteur et le récepteur par un canal quelconque, il est tou jours possible de distinguer deux aspects dans le message. D’un côté, l’aspect sémantique, correspondant à un certain répertoire de signes normalisés universels, de l’autre, l’aspect esthétique (Moles) ou ectosémantique (Meyer-Eppler) qui est l’expression des variations que le signal peut subir sans perdre sa spécificité autour d’une norme; ces variations constituent un champ de liberté que chaque émetteur exploite d’une façon plus ou moins originale. Le message qui parvient au récepteur peut donc être considéré comme la somme des informations proprement sémantiques Hs, et esthétiques He.